Chansin Ravahere

Médias numériques / Digital Media

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Installation interactive / Nouveaux Médias

 

 

Caractéristiques : Un livre numérique composé de plusieurs interactions. Cette application pour Ipad permet à l’utilisateur de parcourir la carte du monde et de choisir un pays en particulier. En touchant ainsi la surface tactile de la tablette, de nombreuses vidéos et sons commencent à se mettre en marche en même temps. Ces vidéos sont des publicités selon le pays choisi. Il permet également à l’utilisateur de zoomer sur une vidéo en particulier qu’il souhaite regarder. Cette cacophonie sonore et visuelle veut représenter le matraquage visuel et télévisuel du monde d’aujourd’hui en retournant les cultures médiatiques.

 

Axe de recherche : Etude d’une œuvre – El Aplauso, Antonio Muntadas (1999)
Projet : Map Adds

 

Dans le cadre de la matière Technologie du quotidien et engagement artistique et en se basant sur le processus artistique d’Atonio Muntadas, plus particulièrement son installation El Aplauso, mon projet s’articule sur une représentation critique de la société des médias. En utilisant pour base un support numérique connu de tous et utilisées communément, les tablettes numériques prennent une place prépondérante dans cette ère électronique. El Aplauso, œuvre de grande envergure et critique de la passivité de nos émotions et de nos actes blâme la télévision. Figure omniprésente et violence du quotidien, elle transforme et démode la réalité. Dans l’œuvre de Muntadas, les humains présents dans les gradins représentent une audience déshumanisée qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ces personnes applaudissent inlassablement des photographies en noir et blanc de faits majeurs de l’histoire, des violences et des évènements militaires de Colombie. Alterné par plusieurs plans et gros plans, ils traduisent une critique cinématographique et documentaire qui amène à une banalisation de cette violence. Comme le disait l’humoriste Phillipe Geluck dans sa bande dessinée « Le Chat à Malibu », « La violence à la télévision, ça donne envie de tout casser. Sauf, hélas, la télévision. ». Malgré notre conscience commune des atrocités du monde, la télévision amène à cette banalisation, à cette passivité par les répétitions incessantes de scènes de violence.

 

Mon projet s’articule sur cette même démarche critique des médias d’aujourd’hui, plus particulièrement de ce courant siècle. En utilisant les publicités, entité prépondérante et non essoufflé, nous vivant dans une société qui cherche à pousser à la consommation, à attirer le regard sur des offres qui semblent au premier regard alléchante, à matraquer notre esprit de slogans et de promesses. Ce sujet ayant déjà été étudié par plusieurs personnes, je tenterai ici de mettre en avant un atout de diversification et de démultiplication. En utilisant la cartographie du monde, je souhaite créer une symphonie mécanique visuelle et sonore de différentes publicités partout dans le monde. En se limitant à certains grands continents tels que les Etats Unis, l’Europe et l’Asie, je souhaite démontrer des divergences et des convergences de cette masse publicitaire utilisée dans la vie de tous les jours. Comment les publicités font preuves d’une singularité particulière, en quoi est-ce que ces dernières diffèrent d’un pays à un autre et quel en est le message ? Je regroupe ici les grandes marques connues, principalement des marques américaines et des chaines de fast-food tels que MacDonald, Burger King, Pizza Hut ou encore des publicités promouvant des nouveaux outils technologiques.

 

Ce projet consiste en réalité à s’appuyer sur diverses pistes de recherche que je souhaite approfondir en analysant une démarche opposée à celle utilisé par Muntadas tout en gardant certaines similarités. Par exemple, la chambre gigantesque et spacieuse où sont disposés les écrans de El Aplauso, je joue au contraire sur un espace plus personnel et privé. En effet, la tablette serait pour une utilisation individuelle qui permet de souligner les nouveaux supports électroniques, de nous éloigner de nos valeurs primaires tels que la mise en scène et faire confiance à des nouveaux procédés du langage binaire.

 

D’une façon intuitive, l’utilisateur aura la possibilité de toucher un endroit sur l’écran qui représenterait un pays dans le monde. En fonction de son choix, il découvrirait alors plusieurs vidéos superposées se lançant en même temps pour créer une cacophonie sonore et un chamboulement visuel. Notre regard se perdrait ici dans ces nombreuses images mouvantes, il n’y aurait vraisemblablement aucun point de fuite. Cette masse de publicité apparait soudainement pour jouer sur la peur, sur l’enfermement et le dysfonctionnement des médias. Le son saturé qui surplombe l’image résonne à nos oreilles d’une façon cyclique, continue presque insupportable. On pourrait également noter des légères variations en fonction du pays choisis. En effet, les techniques et cultures des différents pays, les réalisateurs et les procédés utilisés ainsi que les idées véhiculés par les chefs de publicité entament des mutations qui leurs sont propres. Le rythme des plans ainsi que l’ambiance sonore, les voix off utilisées élargissent nos sens d’écoute ou au contraire, généralise un procédé de cacophonie ? Est-ce que la tonalité du son est identique dans tous les pays ? Est-ce que l’on retrouve des éléments originaux qui leurs sont propres ?

 

Cette idée à la fois spatiale et temporelle rend compte de l’influence et de l’impact de la société de consommation dans divers pays. Ce processus globalisé et international nous enferme dans une compréhension commune. J’utilise les technologies quotidiens comme support de base de l’intéractivité avec la tablette (ou peut-être un support web par la suite) pour créer ainsi un questionnement, un projet de recherche. La démultiplication ainsi que son caractère cyclique est la représentation du cauchemar urbain dans lequel nous vivons, dans un monde matraqué par la publicité. Traduire ce dysfonctionnement de la télévision en multipliant les publicités, emmène à se poser des questions d’ordre international. La propagande par les images, le matraque visuel et sonore nous questionne et interroge nos habitudes. « Nous ne regardons pas la télévision. La télévision nous regarde, nous épie, nous interroge, exploite nos faiblesses, nous hypnotise, nous effraie. » disait Jean-Paul Lebourhis. Le processus est ici inversé et amorce une nouvelle démarche analytique On en revient à se demander comme Muntadas « Que regarde-t-on ? » Est-ce que l’on regarde le fruit de nos créations, est-ce que l’on regarde la représentation de nos désirs, la transfiguration, la caricature de nos promesses, nos désirs de contrôler et d’être connu ? Regardons-nous une dégradation du monde ? Pourrait-on réagir comme Christian Bobin dans son livre l’Inespéré et se dire que : « Le mal de la télévision, ce n’est pas la télévision, qu’il est, c’est dans le monde. » Nous pouvons faire appel ici à plusieurs modes d’interprétations. Ce bruit incessant et désagréable permet donc de différencier les publicités de divers pays. On note tout de même derrière ce brouhaha, des spécificités propres. Par exemple, nous reconnaissons aisément l’accent américain, les voix aigues du Japon, l’ambiance solennelle de Chine, la prononciation espagnole etc. En remarquant ces différences, on pourrait rajouter une dimension sociale dans ce projet de recherche. Qu’est-ce qui nous différencie et en quoi les publicités sont basés sur nos propres cultures ?

 

Je finirais par une citation de John Cage qu’il serait intéressant à discuter « Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le » (Extrait de la revue Le Monde de l'éducation - Juillet - Août 2001)